Les enveloppes bactériennes
Membrane cytoplasmique
La membrane
cytoplasmique est conforme au modèle unitaire. Elle contient
principalement des phospholipides (30 à 40 p. cent) et des protéines
(60 à 70 p. cent). Les stérols sont absents sauf chez les
mycoplasmes et il n'y a jamais de lécithine.
Son rôle essentiel
est celui d'une barrière hydrophobe et osmotique. L’eau et les
petites molécules hydrophiles diffusent librement, tandis que les
plus grosses molécules hydrophiles la franchissent par
l’intermédiaire de transporteurs protéiques (ou perméases).
Outre son rôle de
barrière, la membrane exerce de nombreuses fonctions grâce à de
nombreuses enzymes qui lui sont associées : enzymes des chaînes
respiratoires, perméases, ATPases, phosphotransférases, enzymes
impliquées dans la synthèse de la paroi et des pili, ...
Les mésosomes ou
structures membranaires intracytoplasmiques semblent être des
artefacts résultant des techniques de fixation utilisées.
Paroi
La paroi bactérienne
existe chez toutes les espèces du domaine des "Bacteria" à
l'exception des Mycoplasmatales. En revanche, chez les
"Archaea", la présence d'une paroi est inconstante et
lorsqu'elle existe, elle ne présente pas de peptidoglycane. Seule la
paroi des "Bacteria" sera étudiée ci-dessous.
La paroi est une
structure rigide et résistante qui entoure le cytoplasme et sa
membrane. Elle protège la bactérie et lui donne sa forme. La paroi
des Bacteria présente une structure variable selon les
bactéries (schéma 1, schéma 2) : . Chez les
bactéries à Gram positif, à l'exception des mycobactéries, sa
structure apparaît homogène, son épaisseur varie de 10 à 80 nm, elle
est riche en osamines mais pauvre en lipides (1 à 2 p. cent).
. Chez les bactéries à Gram négatif, sa
structure est plus complexe, son épaisseur est de l'ordre de 10 nm,
elle est riche en lipides (10 à 20 p. cent) et contient moins
d'osamines. .
La différence de structure entre
la paroi des bactéries à Gram positif et la paroi des bactéries à
Gram négatif est à l'origine de la coloration de Gram (voir
"Principe de
la coloration de Gram").
Le tableau ci-dessous résume les
différences entre les parois des bactéries à Gram positif et à Gram
négatif.
|
Bactéries à Gram positif |
Bactéries à Gram négatif |
Aspect en
microscopie électronique |
Une couche épaisse et amorphe. |
Deux couches séparées par un espace clair.
|
Présence d'une
membrane externe |
Non |
Oui |
Présence d'un
espace périplasmique |
Non |
Oui |
Peptidoglycane
|
Épais (10 à 80 nm), représente 40 p. cent du
poids sec, détermine la morphologie bactérienne. |
Mince (2 à 6 nm), représente moins de 10 p. cent
du poids sec, détermine la morphologie bactérienne. |
Acides
téchoïques |
Présents |
Absents |
Présence de
protéines |
Possible : liaisons covalentes avec le
peptidoglycane, rôle éventuel dans le pouvoir pathogène, rôle
éventuel dans l'antigénicité spécifique. |
Fréquente |
Présence de
polysaccharides |
Possible : antigènes spécifiques de groupe pour
certaines espèces |
Possible |
Lipopolysaccharides
|
Absents |
Présents |
Malgré ces variations
structurales, la paroi des "Bacteria" présente une molécule
originale, le peptidoglycane. Le peptidoglycane existe chez toutes
les "Bacteria" pourvues d'une paroi à l'exception des
représentants de l'ordre des Chlamydiales et de la classe des
Planctomycea.
Peptidoglycane
Le peptidoglycane forme autour de la
cellule un filet à mailles plus ou moins serrées qui entoure la
bactérie à la manière d'un sac. Ce réseau est composé de chaînes de
glycanes reliées entre elles par des chaînons peptidiques (schéma 3).
La partie glycane est
constituée de chaînes linéaires où alternent la
N-acétylglucosamine et l'acide N-acétylmuramique qui
est l'ester lactique de la N-acétyl glucosamine. Ces résidus,
sous la forme pyranoside, sont liés par des liaisons bêta-1,4. La
longueur des chaînes est variable et elles sont constituées de 20 à
100 résidus de N-acétylglucosamine. Chez les staphylocoques,
le carbone en position 6 de l'acide muramique est acétylé ce qui
confère à ces bactéries une résistance au lysozyme.
Les chaînons
peptidiques sont constitués d'unités tétrapeptidiques et de ponts
interpeptidiques : . Les unités
tétrapeptidiques s'attachent à l'acide N-acétylmuramique. Le
premier acide aminé lié à l'acide muramique est la L-alanine ou plus
rarement de la glycine ou de la L-sérine. L'acide D-glutamique
constitue le deuxième acide aminé et il se fixe à la L-alanine par
sa chaîne latérale. Le troisième acide aminé a une structure
variable selon les espèces : L-lysine ou acide
m-diaminopimélique ou L-ornithine ou acide
LL-diaminopimélique ou acide L-diaminobutyrique ou L-homosérine ou
acide L-glutamique ou L-alanine. Chez les bactéries à Gram négatif,
l'acide aminé 3 est l'acide m-diaminopimélique à l'exception
des spirochètes où il est remplacé par la L-ornithine. Chez les
bactéries à Gram positif, la diversité est plus importante. Le
dernier acide aminé est généralement la D-alanine. . Les ponts interpeptidiques unissent
entre elles les unités tétrapeptidiques. Ils s'établissent
généralement entre le dernier acide aminé d'un tétrapeptide et le
troisième acide aminé d'un tétrapeptide de la chaîne voisine
(peptidoglycane de type A) mais ils peuvent parfois s'étendre entre
le dernier acide aminé d'un tétrapeptide et le deuxième acide aminé
d'un autre tétrapeptide (peptidoglycane de type B). Selon les
espèces, il existe des variations importantes d'une part dans la
nature des ponts interpeptidiques qui peuvent être constitués d'une
simple liaison directe ou constitués d'un polypeptide de 1 à 6
acides aminés et d'autre part dans la fréquence avec laquelle les
unités tétrapeptidiques sont reliées entre elles.
Le peptidoglycane
présente donc des constituants originaux : l'hétéropolymère
formant la partie glycane et des acides aminés non retrouvés dans
les protéines (forme D, acide diaminopimélique, ...).
La structure du
peptidoglycane est importante pour la taxonomie des bactéries à Gram
positif et notamment des actinomycètes. Schleifer et Kandler ont
proposé un système de classification des peptidoglycanes reposant
sur la position des ponts interpeptidiques, sur la nature des ponts
interpeptidiques et sur la nature du troisième acide aminé des
unités tétrapeptidiques (voir le fichier Classification des peptidoglycanes selon Schleifer et
Kandler in Dictionnaire de Bactériologie Vétérinaire).
Le peptidoglycane
constitue une structure très rigide, c'est un véritable
exo-squelette qui est responsable de la forme des bactéries et qui
leur permet de résister à la forte pression osmotique
intracytoplasmique. Une bactérie dont on a détruit le
peptidoglycane, se gonfle puis éclate lorsqu'elle est placée dans de
l'eau distillée. En revanche, une bactérie privée de peptidoglycane
et placée dans un milieu dont la pression osmotique est supérieure
ou égale à la pression du milieu intracellulaire ne se lyse pas mais
elle prend une forme sphérique. Les bactéries à Gram positif
dépourvues de peptidoglycane forment des sphères limitées par la
seule membrane cytoplasmique et elles deviennent des protoplastes.
Les bactéries à Gram négatif donnent des formes sphériques limitées
par la membrane cytoplasmique et la membrane externe et elles
deviennent des sphéroplastes. Les antibiotiques inhibant la
biosynthèse du peptidoglycane (comme les bêta-lactamines) conduisent
à la formation de protoplastes et de sphéroplastes. On connaît
également des mutants dépourvus de paroi que l'on appelle des formes
L. Les protoplastes, les sphéroplastes et les formes L peuvent se
diviser et sont capables de reverser vers des formes bactériennes
normales. Cette dernière caractéristique les oppose aux
"Tenericutes" qui sont totalement dépourvus de paroi et
incapables de donner naissance à des bactéries pourvues d'une paroi.
Le lysozyme (présent dans de nombreuses sécrétions) détruit les
liaisons entre la N-acétylglucosamine et l'acide
N-acétylmuramique et il constitue un moyen de défense non
spécifique plus efficace chez les bactéries à Gram positif (sauf
chez les staphylocoques) que chez les bactéries à Gram négatif. Chez
Nocardia asteroides, les souches très virulentes possèdent
une couche de peptidoglycane plus épaisse que les souches peu
virulentes (épaisseur du peptidoglycane trois fois plus faible que
chez les souches virulentes) et on estime que cette épaisseur
importante conférerait aux souches virulentes une protection
vis-à-vis du lysozyme.
Paroi des bactéries à Gram positif (à l'exception
des mycobactéries)
La paroi des bactéries à Gram positif
est principalement constituée de peptidoglycane mais il s'y ajoute
d'autres constituants (schéma 1).
Des enzymes
impliquées dans la synthèse du peptidoglycane (penicillin binding
protein) sont situées entre la membrane cytoplasmique et la couche
de peptidoglycane.
Les acides
teichoiques sont quantitativement le deuxième composant. Ce sont des
polymères constitués d'unités glycéro-phosphate ou d'unité
ribitol-phosphate ou d'unités plus complexes dans lesquelles le
glycérol ou le ribitol sont associés à des sucres (glucose,
galactose, ...). De plus, ils contiennent souvent de la D-alanine
liée au glycérol ou au ribitol. Les acides téchoïques sont associés
au réseau de peptidoglycane, ils atteignent la surface externe et
constituent des antigènes importants.
Les acides
lipotéchoïques, liés par des liaisons covalentes aux lipides de la
membrane, traversent le peptidoglycane de part en part pour émerger
à la surface.
De nombreux autres
constituants sont également présents chez certaines espèces :
protéines, polysaccharides... et ils peuvent jouer un rôle important
dans les propriétés antigéniques ou dans le pouvoir pathogène.
Paroi des mycobactéries
Les mycobactéries sont considérées
comme des bactéries à Gram positif mais leur paroi a une structure
très spéciale. Au microscope électronique, on distingue trois
couches, une couche basale dense aux électrons de 3 à 13 nm
d'épaisseur, une couche transparente aux électrons (ETL :
électron transparent layer) de 8 nm d'épaisseur et une couche
externe (OL : outer layer).
La couche basale est
composée de peptidoglycane dans lequel l'acide
N-glycosylmuramique remplace l'acide
N-acétylmuramique. Au peptidoglycane est associé un polymère
formé de l'alternance d'arabinose et de galactose,
l'arabino-galactane.
La couche
transparente aux électrons est composée d'acides mycoliques qui
estérifient l'arabino-galactane. Les acides mycoliques sont de
grosses molécules d'acides gras ramifiés dont la chaîne principale
est en C50-C60 et les chaînes ramifiées en C24-C26.
La couche externe
contient des sulfolipides, des phospholipides, du
lipo-arabinomannane (composé d'un squelette d'unités D-mannose sur
lequel se fixe de courtes chaînes latérales de mannose et
d'arabinose et sur lesquelles se fixent des acides palmitiques et
tuberculostéariques) et du mycolate de tréhalose (chaînes de
tréhalose sur lesquelles sont fixées des acides mycoliques). En fait
la structure de la couche externe est variable selon les espèces et,
notamment, seules les souches virulentes possèdent du mycolate de
tréhalose appelé également cord factor.
La structure
particulière de la paroi des mycobactéries, très riche en lipide,
explique, en grande partie, la résistance des mycobactéries à de
nombreux antibiotiques (antibiotiques hydrophobes) qui ne peuvent
atteindre leurs sites d'action.
Le rôle des
composants pariétaux dans la virulence des mycobactéries a fait
l'objet de nombreux travaux mais leur importance individuelle est
encore mal comprise. Le cord factor inhibe le chimiotactisme des
cellules phagocytaires et il est toxique pour les leucocytes. Les
sulfolipides inhibent la fusion des phagosomes avec les lysosomes et
évitent aux bactéries phagocytées l'action des enzymes
hydrolytiques.
Les acides mycoliques
constituent une barrière hydrophobe autour de la cellule s'opposant
à l'action d'agents chimiques. Cette propriété est mise à profit
dans la coloration de Ziehl-Neelsen et dans la décontamination des
prélèvements. . La coloration de Ziehl-Neelsen permet
de caractériser l'acido-alcoolo-résistance des mycobacéries. Après
avoir été coloré par la fuchsine, les mycobactéries ne peuvent pas
être décolorées par de l'acide et de l'alcool et elles apparaissent
de couleur rouge malgré l'utilisation, dans le dernier temps de la
coloration, de bleu de méthylène. La coloration à l'auramine repose
sur le même principe mais les lames sont examinées au microscope à
fluorescence et les mycobactéries apparaissent vertes sur un fond
rouge. L'acido-alcoolo-résistance est caractéristique du genre
Mycobacterium même si, une acido-alcoolo-résistance relative
est notée pour les espèces des genres Nocardia,
Gordonia, Tsukamurella et Rhodococcus. Tous ces
genres synthétisent d'ailleurs des acides mycoliques dont les
chaînes sont généralement plus courtes que celles des mycobactéries.
. La décontamination des prélèvements est
une nécessité lorsqu'ils contiennent des bactéries contaminantes. En
effet, les mycobactéries pathogènes cultivent lentement sur des
milieux spéciaux (à titre d'exemple, les colonies de
Mycobacterium tuberculosis apparaissent en 10 à 15 jours,
celles de Mycobacterium bovis en 20 à 40 jours et celles de
Mycobacterium avium subsp. paratuberculosis se
développent entre 8 et 12 semaines, parfois plus) et leur culture
peut être masquée par le développement plus rapide des bactéries
contaminantes. Le choix du traitement des produits pathologiques est
fonction de la nature du prélèvement. Les procédés proposés
permettent d'une part la fluidification des produits visqueux et
d'autre part l'élimination des germes associés sans porter atteinte
à la viabilité des mycobactéries. Les principaux agents de
décontamination sont l'acide sulfurique à 4 p. cent, l'acide
oxalique à 5 p. cent, la soude à 4 p. cent, le lauryl sulfate de
sodium, le chlorure de benzalkonium à 0,3 p. cent et le chlorure de
cetylpyridinium. Le temps de contact entre le prélèvement et l'agent
de décontamination est critique car la résistance des mycobactéries
n'est pas absolue et l'action de ces agents doit toujours être
suivie d'une phase de neutralisation.
Paroi des bactéries à Gram négatif
Au microscope électronique la paroi des
bactéries à Gram négatif apparaît hétérogène et on distingue une
couche interne et une couche externe ou membrane externe, séparées
par un espace appelé espace périplasmique (schéma 2).
La couche interne
contient du peptidoglycane qui recouvre la membrane cytoplasmique et
dont la structure est comparable à celui des bactéries à Gram
positif. Toutefois, il ne contient jamais d'acides téchoïques et il
ne représente que 10 p. cent du poids de la paroi. Comme pour les
bactéries à Gram positif, il est le squelette de l'enveloppe et il
joue un rôle essentiel pour l'intégrité cellulaire. Des enzymes
impliquées dans la synthèse du peptidoglycane (penicillin binding
protein) sont situées entre la membrane cytoplasmique et la couche
de peptidoglycane.
L'espace
périplasmique contient des lipoprotéines ou lipoprotéines de Braun
qui relient la membrane externe au peptidoglycane et qui participent
à la cohésion de la paroi. Elles sont constituées d'un polypeptide
d'une soixantaine d'acides aminés portant à son extrémité
N-terminale des constituants lipidiques. La partie lipidique est
enchâssée dans la membrane externe par des liaisons hydrophobes et
la partie polypeptidique est associée au peptidoglycane par des
liaisons covalentes qui se forment avec les acides
diaminopiméliques. Ces lipoprotéines sont quantitativement très
importantes et certaines d'entre elles sont libres dans l'espace
périplasmique. L'espace périplasmique renferme des protéines qui
fixent de nombreuses molécules (galactose, maltose, glutamine, ...)
avant qu'elles ne puissent franchir la membrane cytoplasmique et il
séquestre de nombreuses protéines qui ne peuvent être excrétées
(phosphatases, ribonucléases, bêta-lactamases, ...) ou qui ne seront
libérées que de manière partielle.
La couche externe est
constituée d'une double couche phospholipidique dans laquelle
flottent des lipopolysaccharides et des protéines.
Les
lipopolysaccharides sont des molécules complexes jouant un rôle
important dans les propriétés antigéniques (antigène O) et dans le
pouvoir pathogène (endotoxine).
Les protéines de
membrane externe (OMP pour Outer Membran Proteins) sont nombreuses,
elles peuvent être impliquées dans la virulence ou dans la
perméabilité (porines). Les porines sont organisées en trimères et
elle délimitent des pores qui traversent la membrane externe de part
en part. Elles permettent ainsi le passage de petites molécules
hydrophiles (jusqu'à 600 Da).
Polysaccharides de surface
Les bactéries peuvent
s'entourer d'enveloppes supplémentaires plus ou moins structurées ou
diffuses. Historiquement, on a décrit, sous le nom de capsule, une
couche muqueuse généralement polysaccharidique, au contour bien
défini et caractérisant certaines espèces ou souches pathogènes. En
réalité de très nombreuses bactéries sont capables de synthétiser
des polysaccharides de surface qui peuvent, éventuellement, être
libérés dans le milieu. Leur étude est cependant difficile pour deux
raisons majeures : . Ces
polysaccharides sont très fortement hydratés (plus de 99 p. cent
d'eau) ce qui rend leur étude difficile au microscope électronique
notamment parce que leur structure s'altère lors de la
déshydratation des échantillons. . Ces
polysaccharides sont élaborés de manière optimale lorsque les
bactéries sont dans un milieu hostile car ils apportent une
protection ou un moyen de coloniser l'environnement. Lors d'une
culture in vitro, sur des milieux riches, la synthèse des ces
poysaccharides qui représente une dépense énergétique n'est plus
indispensable et les bactéries peuvent ne plus les élaborer.
En 1981, Costerton a
proposé le terme de glycocalyx pour désigner tous les composants
liés à la membrane externe des bactéries à Gram négatif ou au
peptidoglycane des bactéries à Gram positif. Le terme de glycocalyx
désigne donc à la fois les polysaccharides de surface et les
protéines ou glycoprotéines formant la couche S. D'autres auteurs
préfèrent utiliser le terme de substances polymérisées
extracellulaires (EPS : Extracellular Polymeric Substances).
Parmi les
polysaccharides de surface, on peut distinguer de manière un peu
arbitraire, la capsule et les couches muqueuses ou slime. La capsule
correspond à une structure bien organisée, facilement mise en
évidence par des techniques simples alors que le slime correspond à
des constituants polysaccharidiques plus ou moins libérés dans le
milieu et ne constituant plus une véritable entité morphologique.
Capsule
La capsule bactérienne est généralement
constituée de polysaccharides localisés autour des acides téchoïques
chez les bactéries à Gram positif ou autour des lipopolysaccharides
chez les bactéries à Gram négatif. Chez Streptococcus
pneumoniae, des protéines sont associées aux polysccharides.
Pour une même espèce, la nature des sucres et leur mode de
liaison peuvent être différents ce qui confère aux bactéries des
spécificités antigéniques différentes. Les antigènes capsulaires
sont souvent désignés sous le nom d'antigène K chez les bactéries à
Gram négatif.
Chez certaines espèces de Bacillus
(notamment Bacillus anthracis), la capsule est constituée de
polypeptides formés d'un seul acide aminé (acide D-glutamique pour
Bacillus anthracis).
La capsule ne joue
pas un rôle vital pour la bactérie et en l'absence de sa synthèse,
la bactérie est capable de se multiplier. En revanche, la capsule
joue un rôle important dans le pouvoir pathogène car elle s'oppose à
la phagocytose et à l'activation de la voie alterne du système
complémentaire.
Les principales
bactéries capsulées ou pouvant être capsulées et présentant un
intérêt vétérinaire sont : Streptococcus agalactiae,
Streptococcus equi subsp. equi, Streptococcus
suis, Streptococcus pneumoniae, Streptococcus
uberis, Staphylococcus aureus (12 types capsulaires),
Bacillus anthracis, Clostridium perfringens,
Rhodococcus equi, Aeromonas salmonicida,
Escherichia coli (au moins 80 antigènes K), Klebsiella
sp., Actinobacillus pleuropneumoniae, Actinobacillus
suis, Actinobacillus equuli, Haemophilus parasuis,
Avibacterium (Haemophilus) paragallinarum,
Pasteurella multocida (5 groupes capsulaires : A, B, D,
E et F), Mannheimia haemolytica, Burkholderia
mallei, Bacteroides fragilis, Porphyromonas sp.,
...
Slime
Les polysaccharides de surface peuvent
être libérés sous forme de slime dans le milieu où se produit la
multiplication bactérienne. La production de slime est fréquente
avec les bactéries aquatiques et particulièrement intense avec les
bactéries du genre Zooglea et conduit à la formation de
masses gluantes auxquelles adhèrent des matières en suspension. Les
slimes élaborés par d'autres bactéries sont produits
industriellement et servent d'agent gélifiant dans les industries
alimentaires (Leuconostoc mesenteroides, Azotobacter
vinelandii...).
Couche de surface cristalline ou couche S (S
layer)
Les couches S sont de
connaissance relativement récente car elles ne peuvent être mises en
évidence que par microscopie électronique. Elles sont constituées de
protéines ou de glycoprotéines généralement d'un poids moléculaire
élevé (40 à 200 kDa), disposées régulièrement sous forme d'un
assemblage paracristallin organisé selon un système géométrique
carré, hexagonal ou oblique.
Une couche S a été
identifiée chez plusieurs centaines d'espèces appartenant aux
domaines des "Archaea" et des "Bacteria"
(Chlamydia, Treponema, Helicobacter,
Campylobacter, Wolinella, Cardiobacter,
Rickettsia, Bacteroides, Bordetella,
Aeromonas, Bacillus, Clostridium,
Corynebacterium, ...).
Chez les
"Archaea" dépourvues de paroi, la couche S constitue la seule
enveloppe appliquée sur la face externe de la membrane cytoplasmique
(par exemple, Methanococcus sp.). Chez les "Archaea"
possédant une pseudoparoi, la couche S est située à la périphérie
(Methanothermus sp.).
Chez les
"Bacteria" à Gram positif, la couche S est située à la
périphérie du peptidoglycane et chez les bactéries à Gram négatif
elle est étroitement associée à la membrane externe.
Outre son rôle en
tant que squelette, la couche S pourrait être impliquée dans
l'adhésion, dans la résistance au système complémentaire (inhibition
de la fixation du C3b) et dans la résistance aux protéases des
macrophages (Campylobacter fetus subsp. fetus,
Aeromonas salmonicida). La couche S protège également
les bactéries de certains bactériophages et elle protège les germes
à Gram négatif de l'action de Bdellovibrio bacteriovorus.
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